Travailler : comprendre pourquoi la génération Z n'aime pas

En 2023, 56 % des moins de 25 ans déclarent ne pas vouloir faire de leur emploi une priorité absolue, selon une étude menée par Deloitte. Les entreprises constatent un taux de démission précoce supérieur de 30 % chez les jeunes actifs nés après 1997 par rapport aux générations précédentes.

L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, la quête de sens et le rejet de certaines normes organisationnelles alimentent des tensions inédites avec les employeurs. Ce phénomène s’accompagne d’une remise en question des modes de management traditionnels et d’une redéfinition accélérée des attentes envers le monde du travail.

A lire également : Les astuces pour trouver un emploi stable

Qui est vraiment la génération Z et qu’est-ce qui la distingue au travail ?

La génération Z, celle née entre 1997 et 2010, avance hors des sentiers battus. Elle a grandi connectée, traversé la crise économique de plein fouet et digéré les révolutions numériques sans sourciller. Résultat : un rapport au travail qui détonne, désacralisé et désinvolte. Les travaux d’Elodie Gentina et d’Elisabeth Soulie l’ont montré : pour cette vague montante, la carrière n’est plus la colonne vertébrale de l’existence.

Ils maîtrisent l’outil digital les yeux fermés, mais contournent volontiers les directives trop formelles. L’appartenance à la marque employeur n’est pas un graal : signer un CDI ne les impressionne pas, la mobilité n’est pas vécue comme une insécurité. Changer souvent, voir plus, fuir la case « acquis ».

A lire en complément : L'importance de suivre un média spécialisé sur l'énergie solaire pour des conseils

Pour cerner ce qui fait vraiment le sel de cette génération dans le monde du travail, quelques points reviennent systématiquement :

  • Rapport au travail : recherche d’efficacité pragmatique, rejet des hiérarchies figées, besoin d’authenticité.
  • Attentes : équilibre entre le pro et le perso, quête de cohérence, flexibilité à tous les niveaux.

À l’écoute d’Elodie Gentina, une évidence s’impose : l’autorité n’a de crédit que si elle s’ancre dans la compétence réelle et la loyauté humaine. Les liens se créent par affinité, pas par soumission à l’organigramme. Cette génération explore, refuse le renoncement et part aussitôt si la promesse initiale n’est plus tenue.

Pourquoi le monde professionnel résonne-t-il si peu chez ces jeunes ?

Le monde du travail inspire peu confiance à la génération Z. Une large enquête fait apparaître qu’un jeune diplômé sur trois détecte un manque de sens patent dans la majorité des missions proposées. Le recrutement leur ressemble trop souvent à un parcours du combattant : épreuves interminables, réponses absentes, visioconférences déshumanisées. Résultat : beaucoup ressortent de ces démarches avec une impression glaciale d’uniformité.

Les beaux discours d’entreprise peinent à masquer la réalité sur le terrain. Quand la pression sur la rentabilité s’accentue, que le travail perd son sens collectif et que la santé mentale est laissée de côté, l’épuisement pointe vite. Même les responsables RH cherchent encore la clé pour attirer et garder ces profils toujours plus insaisissables.

Du côté des jeunes actifs, voici ce qui revient le plus :

  • Des processus de recrutement ressassés, pesants, interminables
  • Un manque d’accompagnement personnalisé pendant tout le parcours d’intégration
  • Des efforts encore timides pour prendre soin du bien-être psychologique

Le schéma traditionnel amateur de sécurité ne fait plus recette. L’entreprise n’a plus le rôle de cocon protecteur. Les jeunes préfèrent multiplier les expériences, sortir du cadre, explorer d’autres options plutôt que de rester coincés dans une structure figée.

Entre recherche de sens et équilibre : ce que réclament les jeunes travailleurs

La génération Z revendique sans détour la protection de son équilibre. La barrière entre vie privée et vie professionnelle devient infranchissable. Près de 80 % des moins de 30 ans le confirment : c’est un paramètre qui influe maintenant sur la moindre prise de décision. La priorité n’est plus de tout sacrifier pour gravir les échelons, priorité à la flexibilité et au respect du rythme de chacun.

Impossible aujourd’hui de négocier sans parler télétravail : modèles d’horaires sur-mesure, bureau à distance plusieurs jours par semaine, hostilité au présentéisme rigide. Une absence doit pouvoir s’expliquer sans justifications interminables. Presque tous attendent d’une entreprise qu’elle comprenne l’importance du temps pour soi, qu’elle traite la santé mentale avec la gravité qu’elle mérite.

Dans cette logique, quelques exigences s’imposent nettement :

  • Horaires à la carte, télétravail fréquent, flexibilité assumée
  • Droit réel à la déconnexion, la fin des sollicitations le week-end
  • Non à la réponse immédiate en dehors d’un vrai temps de travail

Le sens du travail finit de tracer la ligne de fracture. Pas question de s’investir dans des missions déconnectées de la réalité ou des valeurs affichées mais jamais incarnées. Le besoin de cohérence est exacerbé par la visibilité des réseaux sociaux : le moindre écart entre promesse et réalité choque, rapidement. Il faut du sens, du lien, de l’authenticité, sinon, l’engagement s’évapore.

jeune travail

Entreprise, mode d’emploi : la génération Z écrit ses propres règles

La génération Z ne demande pas de la poudre aux yeux. Elle veut que l’entreprise évolue réellement, dans ses pratiques, ses codes, ses ambitions. C’en est fini du rapport de force à l’ancienne où signer un CDI suffisait à fidéliser. La mission, la promesse de pouvoir évoluer, les perspectives concrètes font désormais la différence. Quitte à cumuler plusieurs contrats courts pour préférer un sens net à une tranquillité vide.

Toutes les tailles d’entreprise s’y confrontent : télétravail, digitalisation, souplesse, outils collaboratifs, chaque levier est mis à l’épreuve pour séduire ces nouveaux profils. Les responsables RH testent, tâtonnent, repensent la gestion des carrières. Répéter qu’on offre une progression linéaire et sécurisante ne déclenche plus l’enthousiasme. L’agilité et la transparence grimpent en tête de toutes les attentes déclarées par les jeunes actifs.

Voici comment les entreprises envisagent les chantiers de transformation qui compteront réellement :

  • Alléger la hiérarchie, en finir avec l’ordre trop vertical pour donner de l’air et de la marge de manœuvre
  • Ouvrir la réflexion à l’impact social et écologique des activités, accorder du crédit à l’utilité réelle
  • Faire du bien-être psychologique un pilier du collectif, pas un sujet traité à la marge

Partout, la France ajuste sa partition. Grande entreprise, PME ou start-up, toutes cherchent la formule qui va retenir ces talents insaisissables. Sur le terrain, chaque innovation devient un test grandeur nature. Une carte du travail différente se dessine, où l’autonomie côtoie la cohérence et le véritable sens. Ici s’impose une certitude : le contrat tacite du XXe siècle ne suffit plus, et la génération Z, plus que jamais, a décidé de choisir ses propres règles. Rester passif, ce n’est plus une option : la fidélité se mérite désormais, au jour le jour.